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Figure tutélaire du Saulnois depuis près de trente ans, Philippe Leroy, sénateur de la Moselle quittera définitivement la scène politique le 24 septembre prochain après les élections sénatoriales. 

Trente ans d'une riche carrière où il aura servi et représenté son village de Vic sur Seille d'abord, le Saulnois ensuite, le Département, la Région et la République. 

Pour évoquer ce long et prestigieux parcours, nous l'avons rencontré dans sa maison située au coeur de la cité des Evêques où il passera désormais le plus clair de son temps. 

Né à Lille en 1940, Philippe Leroy est arrivé un peu par hasard à Vic sur Seille. Ingénieur des Eaux et forêts, il a participé à la création du Centre de recherche agricole de Champenoux. Souhaitant rompre avec les vicissitudes de la vie citadine, il a cherché, en 1967, avec son épouse, un coin tranquille, à la campagne, où il pourrait élever ses enfants. Vic lui plut, il est alors devenu vicois. 

Son engagement dans la vie du village fut immédiat. Il contribua à mettre en place "les ruches" ancêtres des centres aérés pour occuper les enfants pendant les vacances scolaires. Avec son épouse, il s’investit au sein des associations Familles rurales et le Foyer Georges de la Tour.

Désireux de défendre cette "campagne" menacée d’un exode régulier de sa population, il entra alors en politique. Au sein de la commune où l'inertie générale l'exaspérait mais aussi au niveau du canton. S’appuyant sur les premiers Contrats de pays qui allaient l’aider dans sa démarche, il siègea au Conseil général pour la première fois en 1979. Il fut également Maire de Vic pendant 20 ans.

Son engagement au Conseil Régional en 1986, à la tête du Conseil général de la Moselle, en 2001, relève du même raisonnement : éviter que le département ne se désertifie.
D’ailleurs, il aime à rappeler que ni le Saulnois, ni la Moselle, n’ont perdu d’habitants au cours de ses mandats.hambachleroy

La logique voulait alors que Philippe Leroy devienne Sénateur. Elu en 2001, il a pu agir au niveau de l’élaboration des lois pendant seize ans. 

Heureux du chemin accompli pendant toute cette carrière,  la plus grande fierté de Philippe Leroy est d'avoir rendu espoir et fierté aux gens avec lesquels il a travaillé.

Ses meilleurs souvenirs : 

- le 1er Carnaval de Vic sur Seille en 1973 avec comme président du Jury, Pierre Messmer, Premier Ministre. 

- Son entrée au Conseil Général de la Moselle en 1979. Il n'avait que 39 ans et n'était alors que simple conseiller municipal à Vic sur Seille. Cette élection a marqué un véritable tournant. Il n'avait aucune ambition politique au départ. Il a senti à ce moment précis que sa vie basculait. Il devenait responsable vis à vis d'un territoire. 

- les élections régionales et départementales de 1992. L'incroyable bataille politique, les combinaisons, les arrangements, la comédie politique pour élire Gérard Longuet à la Présidence du Conseil régional comparée à la sérénité de son arrivée à la tête du Conseil général, le lendemain. 

- l'inauguration de l'usine Smart à Hambach entre Chirac, Président de la République et Helmut Kohl Chancelier allemand en 1997. C'était l'aboutissement de plusieurs années de travail pour tenter de convaincre le PDG des montres Swatch d'installer sa première usine de construction de voiture Smart dans notre département. La Moselle n'était pas favorite et c'est au cours d'un repas en Suisse avec le PDG de Swatch Nicolas Hayek que Philippe Leroy pense avoir obtenu l'ultime décision. Paradoxalement, il n'a pas été question de la Smart mais de culture. Pendant tout le repas, ils ont parlé de Georges de La Tour, de l'exposition l'Or des Dieux organisée par le CG à l'Arsenal à Metz, du château de Malbrouck en restauration. C'est la foi dans le territoire qui a fait gagner la Moselle.

- l'arrivée de Center Parc au domaine des Trois forêts près de Sarrebourg a été obtenu également à l'affectif. Lorsque tous les paramètres techniques ont été étudiés, il faut l'étincelle qui emporte la décision. Pour Center Parc, c'est un voyage en hélicoptère avec le PDG de Pierre et Vacances, Gérard Brémond, au dessus du Domaine de Lindre et un repas chez Michèle à Languimberg où il n'aura pas été question de Center Parc qui auront décidé, au final, la société de loisirs de s'installer en Moselle.

- la bataille parlementaire pour le numérique remportée de haute lutte contre Orange, contre l'Etat. Philippe Leroy a fait passer en 2004 un texte qui oblige l'équipement des campagnes en fibre optique.

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Des regrets, des échecs : 

Philippe Leroy dit qu'il n'a pas un tempérament à se souvenir des échecs. Ce qui a été loupé fait partie de l'action politique. Des idées, on en a dix le matin et deux seulement se réalisent. Un loupé n'est pas un échec. On essaye de faire autre chose et on le fera mieux.  

Le plus grand loupé (et pas forcément de son fait), c'est qu'à partir de 2008, la crise mondiale a vraiment marqué les choses et les lois, l'évolution des mentalités ont conduit à l'oubli des zones rurales. On a recentralisé au bénéfice des métropoles, des comcoms de plus en plus puissantes. On confie depuis dix ans le sort du monde, d'un pays, d'une zone à de moins en moins de gens. C'est une raison de grande inquiétude et il faut absolument que l'on réagisse. Dans les zones rurales il faut lutter et avoir des projets. 

Ce qui tue ce n'est pas le manque d'argent, c'est le manque d'hommes qui auraient la capacité d'agir. Il faut se révolter par l'action, par les projets. Aujourd'hui, à la disposition de la Lorraine, il y a pour les collectivites locales (quelle qu'elles soient)  800 millions d'euros de fonds européens qu'il faut mobiliser mais il n'y a pas de projet ! On n'a plus d'ambition.  

Les élections sénatoriales : 

Très déçu car il n'y aura pas de maire ruraux tête de liste aux élections de septembre. Il n'y a personne dans le rural pour y aller. C'est un drame. 

Quatre listes à droite : celle de François Grosdidier, celle de Jean-Louis Masson, celle de Jean-Marie Mizzon et celle de Jérémy Aldrin

Deux listes à gauche : celle de Jean-Marc Todeschini et celle de Philippe Gasparella

La liste En Marche menée par Bernard Guirkinger

La liste du FN de françoise Grolet

La retraite :  senat hemicycle senat.fr

"J'arrive à l'âge où l'on s'occupe facilement. Le temps passe vite quand on a 77 ans. J'aurais aimé travailler dans la nature mais physiquement je ne peux plus. Il y aura la lecture. Je me remets un peu aux romans. Les romans modernes, les grands classiques. Je viens de m'acheter les oeuvres complètes de Chateaubriant. 

Je vais peut-être aussi m'amuser à écrire, sans forcément la publier, mon histoire telle que l'a racontée la presse. "

L'avenir du Saulnois : 

Les ruraux ne se révoltent plus et manquent d'ambition. Le territoire est au pied du mur et il est obligé d'avoir un sursaut. Le Saulnois se vide de sa matière grise. 

Le territoire mérite d'être qualifié. Il se qualifie d'abord par la qualité des hommes qui y vivent et qui feront vivre les projets. On peut avoir tout ce qu'on veut en matière de technologie, de patrimoine, de nature, s'il n'y a pas les hommes ça ne sert à rien. Et la culture est un moyen phénoménal d'attractivité. C'est le moyen de donner aux hommes des ambitions. L'ambition d'un homme passe par la vie culturelle. 

 

Philippe Leroy a donc été : 

1971  : Conseiller municipal d'opposition à Vic sur Seille

1979 : Conseiller général du canton de Vic sur Seille

Président du Parc naturel Régional de Lorraine

1981 : Maire de Vic sur Seille

1986 : Conseiller régional

1987 : Président des Maires de l'arrondissement

1992 : Président du Conseil Général de la Moselle, 1er Vice-Président du Conseil régional de Lorraine

2001 : Sénateur de la Moselle 

Commentaires   

-19 #6 Anonyme 11-09-2017 21:03
Vraiment petit le commentaire de vandieres.

Qui ne connaît vraiment pas cette homme qui a fait tant pour les lorrains et les mosellans.
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+23 #5 VANDIERES 10-09-2017 14:01
Homme politique de premier plan, Mr Leroy avait en effet des qualités, mais aussi les défauts de ses qualités.
Autoritaire et ambitieux, il était inutile de tenter de le faire changer d'avis, surtout quand il avait tort comme sur le dossier de la gare TGV.
Grâce à lui, et certainement pour l'éternité, les Lorrains qui prennent le TGV, doivent d'abord prendre un train régional, puis une navette avec les bagages, les changements et les complications d'horaire qui vont avec.
Vandieres, qui se trouve sur la ligne Epinal, Nancy, Metz Luxembourg aurait fait une gare d'interconnexion idéale mais elle avait un défaut rédhibitoire pour le Président du CG de Moselle, elle se trouvait en Meurthe et Moselle.
Ainsi, les Lorrains se souviendront longtemps de vous, mais ils vous souhaitent cependant une longue retraite qui devrait être confortable.
Après avoir cumulé en activité toutes les indemnités des postes occupés, ainsi que les frais et avantages, vous allez maintenant cumuler les différentes retraites dont celle d'ingénieur de l'ONF, puisque même en disponibilité, la retraite d'un fonctionnaire faisant de la politique lui est versée comme s'il n'avait cessé de travailler, ancienneté et avancement compris, avouez que c'est quand même bien !
C'est aussi contre ces avantages dignes du temps des seigneurs que les Français se sont élevés au cours de la dernière élection Présidentielle.
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-4 #4 cricri 10-09-2017 11:53
Comment dire....
Celui qui fut moins pire que les élus actuels n'était pas forcément un géant de finesse ni d'équité dans le traitement des territoires sous ses compétences.
Il avait par contre l'art de présenter les projets de façon à ce que l'idée première (pas forcément équitable donc) puisse au passage profiter à davantage de gens... donc cela rendait la chose meilleure.
Mais "Rebelle Marsalais" à raison: une fois de plus répétons que les médiocres autoritaires qui nous dirigent sont élus n'ont volé leur place à personne!!
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-2 #3 geant 10-09-2017 09:10
bravo et merci monsieur leroy
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+7 #2 nouvel obs 10-09-2017 08:44
un immense acteur s'en va soulignant un peu plus en lisant ces lignes l'incompétence et la médiocrité de ses successeurs.
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+4 #1 Rebelle Marsalais 09-09-2017 19:32
Mr Leroy: reposez vous maintenant vous avez fait le maxi et surtout ne vous retournez pas!! vous avez bien commenté l'avenir du Saulnois, Tous les C......ont ou sont élus par nous. Dés un sursaut ou "orage" électoral (régionale) scandale, honte. De mal en pis. Bonne retraite Philippe
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